Je Bois Donc Je Suis by Roger Scruton

Je Bois Donc Je Suis by Roger Scruton

Auteur:Roger Scruton [Scruton, Roger]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Stock
Publié: 2010-05-24T04:00:00+00:00


Deuxièmement, je sais avec certitude que je suis libre. Cette liberté est contenue dans la capacité de dire « je » qui est la décision dont toutes les autres découlent : je gravirai cette colline, j’embrasserai cette femme, je démolirai cette forteresse. En disant cela je change de posture par rapport au monde, je me tiens prêt, prêt à accomplir ces choses grâce à mon propre et libre choix. Chaque parole prononcée, chaque série de pensées procède de ces gestes libres. Kant ajoutait un autre argument à celui-ci, un argument qu’il jugeait bien plus puissant : la raison ne me dit pas seulement de faire certaines choses, mais que je dois les faire. Je dois aider cette personne en détresse et si je ne le fais pas c’est encore moi que je condamne. Je me focalise sur ce centre de l’être dont les décisions découlent avec toute la force de la condamnation morale. Tout notre trajet de pensée sur nous-mêmes se construit selon la « loi morale », et puisque « devoir implique pouvoir », nous ne pouvons nous engager dans le raisonnement pratique qu’à condition de croire que nous sommes libres.

Mais ceci nous conduit vers une étrange question : quelle sorte de monde contient une chose comme moi, une chose libre qui se connaît soi-même ? Ce doit être un monde d’objets persistants, soutient Kant, des objets dotés d’une identité à travers le temps. Je suis un tel objet : la chose qui, décidant ceci ici et maintenant, fera cela là et à ce moment. Un monde d’objets persistants est un monde lié par des lois causales : c’est ainsi que Kant a entrepris de démontrer la section éminemment ardue de la Critique de la raison pure intitulée « La déduction transcendantale des catégories ». Sans le réseau de causalité, rien « ne se préserve dans l’être » assez longtemps pour connaître ou être connu. Ainsi, mon monde, le monde de l’être libre, est un monde ordonné par des lois causales. Kant pensait que ces lois causales doivent être universelles et nécessaires. Elles renvoient à des connexions dans la nature même des choses, des connexions qui ne peuvent être tributaires de telle ou telle occasion simplement pour arranger les gens.

En construisant son argument de cette manière, à travers des étapes trop nombreuses, trop complexes et qui prêtent trop à controverse pour qu’elles nous retiennent ici, Kant a tiré les conclusions suivantes : n’importe quel être capable de dire « je » et de le penser est libre ; tout être qui peut dire « je » et le penser se situe dans un monde de lois causales universellement déterminantes. Je suis gouverné par une loi de liberté qui contraint mes actions et une loi de nature qui me lie au réseau de la vie organique. Je suis un sujet libre et un objet déterminé mais je ne suis pas deux choses, un corps déterminé doté d’une âme libre qui s’agite à l’intérieur. Je suis une chose que l’on peut considérer de deux manières : je le sais, mais cela dépasse l’entendement.



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